1/ Un dialogue DOIT faire avancer l’histoire et l’action ou mettre en scène le caractère et la psychologie du personnage. S’il ne fait que répéter la narration, il est inutile.
2/ Le dialogue créant un autre rythme, il peut aussi servir à mieux faire passer les gros pavés explicatifs en mettant en scène ces informations d’une façon dynamique. Le piège à éviter : tomber dans un long monologue indigeste, bien sûr !
3/ Un dialogue peut également être utile pour injecter de l’émotion dans une scène, soit pour amplifier une atmosphère, soit au contraire pour créer une rupture - par exemple un trait d ‘humour qui va faire rire le lecteur pendant un moment de suspense ou de conflit.
4/ Même si le dialogue dans un récit doit être réaliste, il est indispensable d’éliminer toutes les petites phrases banales qui émaillent un dialogue dans la vie réelle. Retrouver systématiquement ces phrases dans la lecture d’un récit serait particulièrement ennuyeux pour les lecteur.ice.s.
5/ Il doit toujours avoir une tension (tension ne signifie pas conflit) dans un dialogue, et les tensions devraient être égales entre les personnages. C’est un aspect à travailler particulièrement dans les polar et les thriller, mais qui n’est pas exclusif à ces genres littéraires.
Dans l'exemple ci-dessous, on observe une tension en gradation, puis une inversion de la tension (c'est-à-dire que brusquement, c'est le second personnage qui porte la tension au lieu de la subir). On observe aussi que grâce au dialogue, on évite une explication narrative et on met en scène les sentiments d'un des personnages. L'information est ainsi délivrée au lecteur de façon dynamique.
Contexte du dialogue : après la mort d'un enseignant, une détective amatrice interroge un témoin (dialogue rédigé dans le cadre d'un exercice d'écriture personnel)
__ Vous connaissiez monsieur Côté depuis longtemps ?
__ Oui, enfin non, pas vraiment, assez.
__ Pas vraiment ou assez ? Depuis quand ?
__ C'est-à-dire que je le connaissais mais sans le connaître.
__ ...
__ C'est-à-dire que moi je le connaissais, mais lui me connaissait pas. Pas vraiment.
__ Excusez-moi, mademoiselle St-Onge, mais là, je ne vous suis pas. "Pas vraiment". Comment vous le connaissiez ?
__ Je suis ses cours. J'adore ses cours !
__ Adorais.
__ Heu ... quoi ?
__ Oui, vous adoriez ses cours ; il n'en donnera plus maintenant.
__ Ça vous plaît, hein ? On dirait que ça vous arrange, que vous êtes contente !
__ De quoi ?
__ De ... parler de lui au ... au passé ! Ça se voit que vous, vous ne le connaissez pas comme moi !
__ Ce n'est pas le sujet. J'essaie de comprendre...
__ Comprendre quoi ? Comprendre qu'il n'entrera plus jamais dans sa classe en illuminant ta journée comme l'astre solaire ? Comprendre qu'il ne croisera plus ton regard à la manière d'une comète qui glisse dans le ciel ?