Narrateur : 4 erreurs à éviter

Narrateur : 4 erreurs à éviter

 

ǫᴜɪ ʀᴀᴄᴏɴᴛᴇ ʟ'ʜɪsᴛᴏɪʀᴇ... ᴄʜᴀɴɢᴇ ʟ'ʜɪsᴛᴏɪʀᴇ.

Oui, le choix du narrateur peut changer tout un roman… en beaucoup mieux ou en médiocre.

Avez-vous déjà pris conscience que sans le choix judicieux d'Arthur Conan Doyle de donner le rôle de narrateur au Dr Watson, vous auriez probablement trouvé Sherlock Holmes INSUPPORTABLE ! Parce que l’illustre détective privé, aussi talentueux soit-il, n’en est pas moins un homme bouffi d’arrogance et dont l’intelligence très supérieure n’aurait pas été accessible au lecteur. Tandis que par le biais du Dr Watson, le génie de Holmes devient fascinant… et ce narrateur n’étant pas toujours dans la confidence, cela permet à l’auteur de garder des informations secrètes et de ménager l’effet de surprise. Ce qui aurait été impossible si Holmes racontait ses propres aventures.

 

Ce n’est donc pas pour rien que de très nombreux auteurs passent beaucoup de temps à réfléchir au meilleur narrateur pour leur récit. Ainsi, et pour ne citer qu’un seul exemple parmi des centaines, l’auteur québécois Denis Thériault a écrit son roman L’iguane pas moins de 4 fois (et intégralement !) avant de trouver le narrateur qui servirait le mieux son histoire.

 

Le narrateur n’est pas un détail : c’est la clé qui façonne l’expérience de lecture.

Outre le fait que je constate souvent que les auteurs peu expérimentés n’accordent pas suffisamment d’importance au choix de leur narrateur, je constate encore plus souvent que ces auteurs commettent de nombreuses erreurs en maniant narrateur et point de vue dans leur récit (y compris des récits de vie !).

Voici 4 erreurs fréquentes concernant le narrateur et le point de vue (point de vue que l’on désigne aussi sous le terme de « focalisation ».)

 

Erreur #1 – Confondre auteur et narrateur 

Les auteurs novices oublient que le narrateur est une construction, un outil narratif, et pas eux-mêmes.

L’auteur est la personne réelle qui écrit le livre, il est le créateur de l’histoire et des personnages.
Le narrateur est la VOIX fictive (donc qui n’existe pas) qui raconte l’histoire. Il peut participer à l’histoire (on aura alors un narrateur interne) ou être une simple voix extérieure à l’histoire (on parlera alors de narrateur externe).

L’auteur et le narrateur ne partagent pas les mêmes caractéristiques ni les mêmes opinions (parfois oui, mais pas souvent non. Par exemple, si mon narrateur raconte que « les femmes qui sont mères au foyer ne devraient pas avoir le droit de vote, parce qu’elles n’apportent pas de contribution économique au pays », ce n’est pas du tout mon opinion personnelle à moi en tant qu’autrice, c’est celle de mon narrateur.

L’auteur et le narrateur ne doivent pas non plus partager la même voix (exception faite des autobiographies), et cela, c’est important à comprendre. 
Personnellement, cela m’irrite toujours quand je lis un roman dans lequel je n’entends que la voix de l’auteur et pas celle du narrateur. C’est comme ce genre d’acteurs qui jouent des rôles de bourgeois parisien, de villageois breton, de rustre moyenâgeux ou d’empereur, mais tout ce que je vois à l’écran de film en film, c’est l’acteur et non le personnage qu’il interprète. Ça gâche le plaisir…

 

Erreur 2. Choisir un narrateur qui ne sert pas l’histoire

Beaucoup d’auteurs novices optent pour la première personne parce que c’est plus “naturel”, mais ce choix n’est pas toujours adapté.

  • Parfois, un récit aurait plus de souffle avec un narrateur externe, ou plus de mystère avec une focalisation limitée.
  • Résultat : le texte semble étriqué, ou au contraire trop distant, car le narrateur n’est pas en phase avec l’intention du récit.

Cela m’est arrivé plusieurs fois de demander à un auteur de réécrire toute son histoire parce qu’il n’avait pas choisi le narrateur approprié pour celle-ci.

Erreur 3. Le “head hopping” (saut de tête en tête) sans transition

Le « head hopping » que l’on peut traduire par « saut de tête en tête » est une maladresse très fréquente ! Elle se produit lorsque le narrateur change de personnage focalisé en plein paragraphe ou en pleine scène, sans signal ni cohérence.

  • Exemple typique : dans une scène de dîner, alors que la narration est alignée sur Marie, on passe brusquement à la pensée secrète de Paul.

  • Résultat : le lecteur est perdu, il ne sait plus à travers quel regard il vit l’action. Cela crée une fracture dans l’immersion, et si cela est répété trop souvent, s’installe alors une instabilité narrative qui peut nuire grandement à la fluidité de la lecture.

 

Erreur 4. Confondre narrateur externe omniscient et narrateur externe aligné (focalisation interne fixe)

👉 Beaucoup d’auteurs écrivent au « il/elle » et pensent que cela suffit pour avoir un narrateur externe… mais en réalité, ils naviguent inconsciemment entre :

  • un omniscient (qui sait tout et commente),
  • et un externe aligné sur un seul personnage (qui ne sait que ce que CE personnage perçoit).

Exemple : dans un texte avec un narrateur externe aligné sur Claire, on va lire : " Claire entrouvit la porte, le coeur battant. Elle ignorait que, deux rues plus loin, son frère, rongé de culpabilité, avait déjà décidé de fuir."
→ dans la première phrase, on a bien une focalisation interne sur Claire ; MAIS dans la 2e phrase, il y a l’intervention d’un narrateur omniscient à propos du frère.

  • Conséquence : le récit devient instable → une scène commence alignée sur les perceptions d’un personnage, mais soudain le narrateur révèle un détail que seul un “dieu narratif” pourrait connaître, ou bascule dans la tête d’un autre personnage sans transition.
  • Effet sur le lecteur : perte de fluidité, impression de maladresse ou de “voix qui vacille”.

En conclusion, je vous le répète, le choix du narrateur n’est pas un détail : c’est la clé qui façonne l’expérience de lecture. C’est la voix qui porte votre histoire… pour le meilleur, ou le moins bon.

Il est donc crucial que votre choix soit éclairé et que vous soyez conscient des opportunités et des limites que chaque type de narrateur et chaque type de point de vue vous offrent, à vous auteur.

 

C’est pourquoi je vous invite à profiter de l’atelier Narrateur et point de vue, que j’animerai à Québec les 29 et 30 novembre : 11 heures de formation en petit groupe pour vous forger une expérience riche afin de pouvoir offrir à vos romans la voix qu’ils méritent pour les rendre inoubliables !
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