Dans un récit littéraire, on distingue 2 types de narrateurs et 3 points de vue.
NARRATEUR = QUI PARLE ?
Le terme « narrateur » désigne l’individu ou l’entité (parce qu’il ne s’agit pas forcément d’un humain) qui relate les événements d’un récit ; c’est celui qui raconte l’histoire.
Le narrateur est homodiégétique (la diégèse étant l’histoire, le récit) lorsqu’il participe à l’histoire, qu’il est un des personnages de l’histoire (Principal ou secondaire).
Exemple : Dans les aventures de Sherlock Holmes, le narrateur est le Dr Watson, un personnage secondaire qui participe à l’histoire.
Dans les romans La fille de fer, d’Isabelle Grégoire et La nuit de feu, d’Éric-Emmanuel Schmitt, les narrateurs sont les héroïne et héros de l’histoire qu’ils racontent. Il s’agit alors d’un narrateur autodiégétique.
La narration se fait au « je ».
Le narrateur est hétérodiégétique lorsque qu’il est extérieur au récit, lorsqu’il raconte une histoire à laquelle il ne prend pas part.
La narration se fera au « il » / « elle » / « iel » / et parfois au « tu ».
POINT DE VUE = à travers l’œil de qui nous est racontée l’histoire ?
On parle aussi de « focalisation ».
POINT DE VUE / FOCALISATION INTERNE
Celui qui met le lecteur dans la peau du héros (ou d’un des personnages du récit).
C’est un point de vue SUBJECTIF.
C’est un point de vue RESTRICTIF : il donne accès exclusivement à l’expérience et à l’intériorité du personnage sur lequel est fait la focalisation.
Le narrateur homodiégétique ne peut, par essence, raconter l’histoire que d’un point de vue interne.
Le narrateur hétérodiégétique peut adopter une focalisation interne. On parlera d’un narrateur externe aligné sur un personnage.
POINT DE VUE / FOCALISATION EXTERNE
C’est le point de vue le plus objectif et a priori le moins immersif.
Le narrateur voit et décrit la scène de l’extérieur, il n’a pas accès aux pensées et émotions des personnages, ni à leur passé ou leur futur.
Le lecteur vit et voit la scène à travers un caméra. Sauf si les personnages s’expriment et s’expliquent, le lecteur ne peut que supposer ce qu’ils ressentent.
C’est une narration qui sera surtout choisie pour des romans d’action où la psychologie et la profondeur des personnages sont au second plan et seront laissés à l’imaginaire ou l’interprétation du lecteur.
Il peut toutefois y avoir des passages de récit en focalisation externe/objective dans un roman avec un narrateur externe aligné.
POINT DE VUE OMNICIENT OU FOCALISATION ZÉRO
C’est ce que, personnellement, j’appelle le point de vue de Dieu ou le regard de l’Univers.
Le narrateur omniscient SAIT TOUT sur tous les personnages, leur passé, leur présent, leur subjectivité, leur intimité, leur futur.
Il en sait plus sur les personnages que les personnages eux-mêmes.
Bien maîtrisée, cette narration est un outil fabuleux pour l’auteur car elle lui offre un large panel d’options.
Le point de vue omniscient ne peut, par essence, être adopté que par un narrateur externe.
COMMENT CHOISIR son narrateur et son point de vue ?
Il y a 2 façons de procéder :
1/ l'idéale : on choisit le narrateur et le point de vue qui servent le mieux l'histoire que l'on souhaite écrire et le message que l'on veut transmettre.
Exemple : pour na nouvelle L'échappée, j'ai écrit mon premier jet avec un narrateur externe (hétérodiégétique) et un point de vue omniscient. À la relecture, je sentais clairement que ça ne fonctionnait par rapport au coeur de l'intention littéraire que j'avais fixée. J'ai tout réécrit avec un narrateur autodiégétique, et là, ça a pris tout son sens !
2/ la raisonnable : on adopte un narrateur et un point de vue avec lesquels on est à l'aise dans l'écriture.
Pour un de ses nouveaux projets d'écriture, j'ai suggéré à une de mes autrices d'écrire son récit avec un narrateur omniscient, parce que, par rapport à son synopsis, je voyais toute la valeur ajoutée de ce type de narrateur. J'étais consciente de la faire sortir de sa zone de confort, car elle a toujours écrit avec une narration au "je". Je lui ai donc proposé quelques exercices d'exploration ... mais ça bloquait, et elle m'a dit qu'elle n'aime pas non plus lire des romans écrits avec un point de vue omniscient. Donc, je lui ai répondu : "Alors, reviens dans ta zone de confort et d'expertise, et écris, c'est ça le principal !"