Rythmes binaire et tertiaire

Rythmes binaire et tertiaire

Si beaucoup d’écrivain.e.s débutant.e.s s’interrogent sur le rythme de leur récit, bien moins nombreux sont celles et ceux qui s’intéressent de près au rythme syntaxique. Pourtant, celui-ci est indissociable du style d’écriture ; il participe aussi à l’expérience de lecture. On distingue le rythme binaire du rythme ternaire. Explications. 

 

Avec le rythme binaire, la phrase est organisée en deux groupes de mots de longueur équivalente ; tandis que le rythme ternaire structure la phrase autour de trois propositions de longueur équivalente. 

 

Le rythme binaire est très adapté pour marquer la pensée, les esprits. C’est la construction syntaxique des formules, des aphorismes. Exemple : « Dura lex sed lex » (la loi est dure mais c’est la loi). Le rythme binaire est à privilégier lorsque que l’on veut pousser le lecteur à la réflexion,  car dans ce cas, il ralentit la lecture. 

Le rythme binaire, grâce à la symétrie de la phrase, est également utile pour créer une opposition de sens ou un parallélisme de sens. 

Exemple d’une opposition de sens : Il était célèbre, et fort minable. 

Exemple d’un parallélisme de sens :  Je l’ai vu pleurer, je l’ai consolé. 

Le rythme binaire a un certain pouvoir évocateur ; il pourra être un bon outil dans la description (exemple : la mer grondait son écume, la forêt bruissait son feuillage.) ou la présentation d’une situation (« Elle regarde autour d’elle, elle cherche où chercher.», Delphine de Vigan).

Le rythme ternaire est plus dynamique et moins réflexif que le binaire ;  il est utile pour créer du mouvement, pour exprimer une accélération ou pour donner un effet de relief, d’insistance. 

 

 

À l’inverse, le rythme ternaire s’entend aussi dans des effets oratoires pour formuler un discours, un propos solennel. Exemple :  « Je n’ai plus rien à apprendre, j’ai marché plus vite qu’un autre, et j’ai fait le tour de ma vie. » (Chateaubriand)

Le rythme ternaire se construit avec la répétition d’un verbe + un complément, comme dans l’exemple précédemment cité, ou bien avec une suite de trois adjectifs qui se rapportent au même nom, ou encore un trois groupes de mots qui se rapportent au même sujet ou au même verbe.

Exemples : 

« Ça bouge, ça tourbillonne, on peut presque sentir la force du vent » (Michel Tremblay)

« Le rire des femmes, le sourire des hommes, les verres de vin qui échangeaient des chocs joyeux » (Graeme Villeret)

La lumière jaillit, blanche, froide, assassine. 

 

Chaque écrivain.e a un penchant naturel pour l’un ou l’autre de ces deux rythmes. L’idéal pour déployer sa palette de style est d’apprendre à employer les deux avec autant d’aisance, chacun d’eux ayant une fonction spécifique pour véhiculer l’idée, le propos ou l’intention de l’auteur.e. 

 

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